Rechercher dans ce blog

mercredi 25 juin 2014

Pluviométrie morale

Affronter la pluie est un excellent moyen de mesurer l'état de votre humeur et de votre caractère. C'est en outre un merveilleux remède pour les améliorer tous deux. La pluie pour retrouver la joie et le sourire? Un simple coup d'oeil au niveau moyen de pluviométrie devrait vous empêcher de rejeter cette idée d'un simple revers de la main. Qu'il pleuve trop ou pas assez.

Allons directement à l'essentiel : nous sommes constitués en grande partie d'eau. La pluie devrait donc, comme la mer ou la douche, nous procurer une sensation agréable. Hier, 24 juin 2014, c'était la fête du Québec, et comme souvent le 24 juin, il a plu. Il a plu en masse. Des trombes! En contemplant songeusement l'averse régner en maîtresse par la grande vitre de mon salon, je me suis dit que le temps était venu…de prendre une douche naturelle. Je saute dans mon maillot de bain, je sors dans le jardin par la porte de côté, je laisse ma serviette à l'intérieur, et je saute dans l'herbe. Le plaisir est réel et d'autant plus savoureux qu'il laisse mes proches éberlués au sec derrière moi. Je les vois mais ne les entends déjà plus. La sensation de la pluie tiède de 22h00 est douce malgré l'intensité du débit (non réglable) de la douche que je me prends. La sensation de la pluie tiède de 22h00 me replonge en enfance, quand j'étais un adulte rêveur (!). C'était hier, dans un autre terrain de jeux. De retour du lycée avec un ami, nous sommes deux sur le vélo qui nous ramène chez nous. Non, en réalité nous sommes à un kilomètre de chez nous, le tonnerre éclate et la pluie s'abat soudainement, libérant d'un seul coup ses réservoirs d'eau trop pleins. Nous devenons alors deux fous résolus à braver les éléments plutôt que d'attendre qu'ils s'apaisent. Nous sommes si trempés que nous croyons être devenus des êtres de pluie pédalant contre le vent et la désintégration. Un authentique bonheur.

Donc, me voilà sous les arbres et la pluie à remercier le Québec de me donner sa meilleure mousson de juin, quand m'apparait l'idée que la pluie me procure en réalité une sensation aussi agréable que la mer ou la douche. Mais alors pourquoi s'en prive-t'on? Pourquoi maudire les jours de pluie comme la peste? Nous devrions agir comme des animaux intelligents devant un ciel si généreux, et profiter de cette énergie naturelle autrement qu'en ouvrant un simple robinet. Pourquoi craindre encore que le ciel nous tombe sous la tête alors que nous avons admis il y a si longtemps que la terre n'était pas plate? J'étais bel et bien seul à me nourrir de cette eau céleste en simple costume de bain, en pleine nuit.

Car voilà, la connaissance nous a donné des abris, des endroits secs et tempérés munis de systèmes d'eau courante, des véhicules munis d'un toit (cela n'a pas toujours été le cas), des vêtements repassés et des coupes de cheveux bien soignées. Tout pour nous faire détester un crachin impromptu. Tout pour nous inciter à scruter la météo et boire les commentaires sans certitudes avec de l'espoir infini. Risque de pluie. Possibilité d'averse. Facteur Humidex porteur de la bonne-mauvaise nouvelle. La pluie ne cessera pourtant jamais de tomber, et pas seulement dans la cour du voisin.

À suivre.

© Stéphane Aleixandre (2015)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire