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vendredi 13 juillet 2012

Le Diable


Je n'entends plus parler de lui depuis longtemps. On ne lui attribue plus les drames de l'existence tels les accidents d'avion, la fonte des glaces, les suicides ou les accidents de voiture. Le Diable. Il s'efface, il se dissout, il se fait oublier.

Il ne porte plus l'odieuse volonté de tous les destins brisés, il n'est plus notre bouc émissaire, nous avons fini par le laisser vivre, le laisser mourir en paix.
Le Diable, si présent au cours de l'histoire, n'est plus, aujourd'hui qu'un épouvantail de fiction littéraire ou cinématographique, un reliquat d'encre et de marc qui s'efface dans l'indifférence.
Le Diable s'est envolé par la porte des églises laissées grandes ouvertes, abandonnant sa charge à notre mauvaise conscience qui doit désormais, seule assumer ses échecs.

La fatalité n'existe plus.

Adieu bûchers, vindictes populaires, autodafés. Adieu tête de turc à cornes, père de tous les malheurs. L'occident a grandi sans toi et a renié ton pouvoir de malfaisance. Tu n'es plus rien et nous sommes tout!

Et si le ciel nous tombe sur la tête, ce sera bien la faute d'un autre, plus humain, plus proche, plus facile à condamner et à envoyer en prison sans risquer qu'il s'échappe. Il reste bien encore quelques chaises électriques, quelques barbelés trop serrés autour du cou, mais le mal est sorti, et il ne vient plus hanter les faibles et les blessés.

La médecine du corps et de l'esprit ont nettoyés les derniers recoins de notre conscience et de notre peau où le diable pouvait encore se terre pour incuber tel un virus planétaire, prophétique, abrasif.

Le Diable s'en est allé, sans crier gare, un matin d'après-guerre, fuyant les décombres trop nombreux, les luttes trop longues, trop surnoises, quittant le navire trop rempli qui s'en va s'échouer tout seul contre un simple bloc de glace.

Garde fou

Invoquer, ici l'axe du mal et là le grand satan, ne sont que des écarts sémantiques pour stigmatiser des hommes, non le Diable lui-même. La superstition rouge et incandescente qui vitrifiait les yeux de nos ancêtres a laissé place à la maîtrise des incendies vengeurs, bûchers politiques qui attisent la volonté de puissance et la colère de l'homme contre l'homme, de l'homme contre la nature.

Le Diable s'est effacé derrière les tuméfactions dont nous connaissons à présent la terrible origine.

Je n'entend plus parler de lui depuis longtemps, je ne vois plus son nom, il ne représente plus rien, lui qui était si fort, si omniprésent, si unique et si multiple. Le diable n'entre plus en scène que dans la tête des fous et des illuminés, loin même des boules de cristal et des pronostics de fin du monde. Le Diable n'existe plus, il a emporté avec lui la certitude que nous étions sur la bonne voie.

mercredi 11 juillet 2012

Infiniment moyen


Infiniment moyen

Si la biologie se plonge dans l'infiniment petit,
Si l'astronomie s'oriente vers l'infiniment grand,
Les sciences humaines se consacrent à l'infiniment moyen.

Si l'art se consacre à l'infiniment humain,
La sciences focalise sur l'infiniment complexe,

Si le jeune s'intéresse à son avenir infiniment lointain,
Le vieux sonde son passé infiniment flou.

Et le rêveur, l'ambitieux, se contente de l'infiniment possible.

Un simple nom de famille

ALEIXANDRE

Depuis que je suis en âge d'épeler mon nom de famille, on me demande pourquoi il comporte un I. Avec ce I, le nom ALEIXANDRE est beaucoup plus rare, et je ne vous écris pas cela par fausse modestie, mais simplement pour vous expliquer que cette rareté m'a fait dépenser beaucoup, beaucoup de salive.

Mon nom est un nom Catalan, et vous pouvez prononcer ALEIXANDRE comme un Catalan, vous entendrez le I. Moi, quand je le vois, je l'entends, je l'écoute, je le sens ce I qui chatouille mon palais comme un souvenir d'avant ma naissance, lorsque toute ma famille venait d'Espagne. Il est là comme un phare sur les océans qui ont abreuvés et continuent de nourrir les racines de notre arbre généalogique.

Ce qui, en revanche, chatouille tous ceux qui ne s'appellent pas ALEIXANDRE, ceux à qui je m'évertue à expliquer qu'il y a un I dans mon nom (ils sont très nombreux), c'est que le I se trouve après le E et avant le X. La plupart n'arrivent tout simplement pas à écrire ALEIXANDRE correctement du premier coup, malgré mes explications. Et épeler son nom trois fois - il comporte quand même dix lettres - finit par rendre la bouche pâteuse et le ton de voix rugueux. Mais, je m'égare.

Ainsi donc, il ne se passe pas un mois sans que l'on me demande pourquoi ce I tellement I dans un nom qui est pourtant si commun: Alexandre. Tout le monde connait quelqu'un dont le nom ou le prénom est Alexandre, et tous ceux à qui je dois épeler mon nom, pensez au douanier, au banquier, au fonctionnaire, à la belle famille, à mes lecteurs, bref, à tous ceux pour qui j'écris mon nom ou à qui je présente une pièce d'identité - me demandent invariablement la même affaire:  pourquoi diable ce I avec son point en l'air se dresse t'il avec tant d'arrogance sur votre nom?

Avec le temps j'ai appris à multiplier les réponses afin d'égayer un propos qui, bien qu'il devint redondant, me donna l'opportunité de partager un humour, humour lui non plus pas toujours évident au premier signe, et qui déborde de mon esprit tout comme le I, de mon nom.

Non que la fierté pour mon nom eût diminué avec le temps, mais je finis par douter de la capacité de compréhension de mes semblables sur ce sujet lorsqu'une vendeuse pleine d'assurance m'assura, avec autorité et sans autre formalité, que ma carte de guichet comportait ... une erreur. Non, chers amis, je n'ai jamais pensé que mon I puisse être le fruit d'une erreur, ni qu'il puisse m'empêcher de dépenser de l'argent chèrement gagné, parole de Catalan!

De fait, je m'amuse régulièrement - pas au dépend des autres, mais avec eux - à raconter n'importe quoi avant d'avouer la vérité.

Morceaux choisis:

            L'autre: - Pourquoi y a t'il un I dans votre nom?
            Moi: - Il y avait comme une brèche, alors j'ai colmaté.
            L'autre: - Ayoye, y'a un I dans ton nom, c'est ``Weird``
            Moi: - Essaie donc de placer ça au Scrabble!

            L'autre: - C'est joli ce I dans ton nom.
            Moi: - Oui, et ça briiiiiiiiiille.

            L'autre: - Le I dans ton nom, c'est voulu?
            Moi: - C'est juste pour ``twitter``.

            L'autre: - Alexandre avec un I, c'est pour pas confondre avec un autre?
            Moi: - Au jeu du Ouija j'ai plus de chances.

En conclusion, je vous invite chers lecteurs à glisser subrepticement un I dans votre nom, vous jouirez du plaisir d'intriguer ceux qui vous entourent.

ALEXANDRE A TRAVERS LE MONDE:


Aleixandre (Catalan)
Alejandro (Espagnol)
Aleksandar (Croate)
Aleksandar, Saša, Aleksa (Serbe)
Aleksander (Danois, Polonais)
Aleksandr (Александр), Sasha (Саша) (Russe)
Aleksandré (ალექსანდრე) (Géorgien);
Alessandro, Sandro (Italien)
Aléxandros (Αλέξανδρος) (Grec)
Alexander (Allemand, Anglais, Latin)
Alexandru (Roumain)
Sacho (Сашo) (Bulgare)
Iskander (Arabe)
Iskender (Turc)
Lisandru (Corse)
Oleksandr (Олександр), Sashko (Сашко) (Ukrainien)
Sándor (Hongrois)
Sandre, Léxandre (Poitevin)
Skender ou Lek (Albanais)