Rechercher dans ce blog

vendredi 6 janvier 2012

Malajube


                                                       Crédit photo:  Joseph Yarmush



« La musique de Malajube est un hologramme de musique pop : des mélodies éclatantes, projetées dans des dimensions fascinantes.  Envoûtant »

Trop précis, trop éclaté et décalé pour n’être que de la pop ludique, Malajube joue dans sa bulle et laisse planer un doute. D’oû vient cette aisance dans les mélodies? D’oû part cette force, cette unité de ton et de jeu? Oû va-t-elle, cette apparente insouciance, une fois sortie de la Caverne et du Labyrinthe?
Que leur bulle éclate avec le succès auquel ils sont promis ne changera rien à l’affaire : Malajube cherche et vient nous chercher.

En 2004, les quatre gars de Sorel-Tracy forment leur groupe comme une famille, puis se lancent tête première dans la création. L’intérêt que Malajube suscite auprès du public et des médias est très rapide. Les premières critiques sont élogieuses, les suivantes confirment cette impression durable que le groupe suscite autour de lui. Aujourd’hui Malajube dispose de quatre albums qu'il faut voir – et écouter - comme une sorte de polygone captivant l’imagination autour de lui. La leur, la nôtre, grâce à des mélodies et des textes en trompe-l’œil, pour sonder les liens amoureux, les distances qui nous séparent parfois des autres et du monde autour de soi.

Tout en relief

Thomas Augustin, Francis Mineau, Mathieu Cournoyer et Julien Mineau sont des musiciens confirmés. Sur leur premier album, Le compte complet (2004), la qualité est patente et les choix artistiques sont établis, ils seront développés sur Trompe-l’Oeil (2006), puis élargis sur Labyrinthes (2009) et La Caverne (2011). Les chansons sont souvent faites d’un bloc : clavier, batterie, basse guitare partent ensemble et arrivent ensemble, poussant les mélodies sans relâche dans un crescendo continu, et dont la chanson "333" est un bel exemple. Sonorités proches du Rock dit « progressif », que la guitare et le chant éloignent aussitôt, les tirant vers un Rock plus dur. Le synthétiseur et la basse reviennent alors, plus "Pop", et à partir de là, les refrains transforment la chanson en un hymne futuriste qui se déploie tel un hologramme sonore. "Le tout-puissant" est de cet alliage.

Tout est dans l’un et l’un est dans le tout. Le chant se fond parmi les instruments, se coule dans les veines du coda, laisse flotter les paraboles, les métaphores comme autant de créatures phonétiques réunies par le courant électrique qui les porte.
Les mots planent et les instruments se suivent, se répondent, toujours.
Il est question de lien et de distance. Si « La Monogamie »« Luna », « La Valérie » ou « Étienne d’aout » tracent des rapports avec l’autre, « Radiologie », « Ibuprofène », « Le crabe », « La maladie » ou « Les dents » expriment la distanciation avec l’extérieur, avec les objets comme avec les corps.

Jubilatoire

La musique de Malajube parle au plaisir instantané qui ne demande qu’à éclater au fond de nous. Les refrains semblent surfer sur d’autres refrains dans la même chanson (les très belles « Ursuline » et "Porté disparu"), les mélodies libérant les endorphines en cascade. On songe à de la musique sérieuse qui n’as pas besoin de l’être. De la musique qui n’est pas faite pour nous libérer, mais pour nous rappeler que nous sommes libres, ici et maintenant. Libres de démesure. Libres d’être exalté sans être superficiel, d'être léger comme l'air et de ressentir le vertige. Les ruptures de tons qui rythment judicieusement les chansons de Malajube unissent ces contrastes et donnent de la force à leur musique.

Les textes de Julien Mineau s'accordent bien avec cette partition, en évoquant des situations saisissantes qui plongent le sujet au coeur de turbulences. Le sens laisse parfois la place à la musicalité des mots. Des mots à lire entre les lignes, et dans la continuité de l'album. Les titres sont bien choisis: courts, vifs, délirants, attirants.

Leur musique plaît, bien au delà du Québec - terre fertile pour ce genre d'expériences musicales - et le groupe tourne sans arrêt autour du monde (si vite, si loin), récoltant éloges et prix. S'exporter dans sa langue natale, le Français, donne d'ailleurs à Malajube l'occasion d'être un peu plus original sur les scènes du Japon ou d'Autriche. Jouer hors de ses frontières va de soi quand on cherche à atteindre l'autre autant que soi-même.

Ce groupe a des choses à dire, et pariez que le spectre de son langage s'élargira dans les années à venir. Malajube nous offre déjà une vibrante expression de sa mélodie intérieure.

Leur site internet en sait beaucoup plus.

2 commentaires:

  1. Ton billet a le mérite d’exciter ma curiosité. Bon après écoute de quelques extraits sur divers albums, j'avoue que je suis pas emballé plus que ça même si certaines sonorités me parlent. Mais chapeau car avec des textes en français s'exporter autour du monde ne doit pas aller de soi.

    Note : vers la fin une phrase semble ne pas terminer sa course : "Jouer hors de ses frontières va de soi quand on " ... ?

    RépondreSupprimer