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vendredi 18 janvier 2013

Question de sécurité (troisième partie)


une grande idée.
Le reflet
une ouverture
et un obstacle.

Avertissement: ce texte peut contenir des OGM et des ruptures de ton non fortuites.


Tout le monde mange et tout le monde observe ce qu'il mange. Quoi de plus normal?. C'est pour des raisons de sécurité que l'on surveille méthodiquement la date de péremption des produits, et c'est encore pour cette même sécurité qu'on vérifie - moins méthodiquement - s'ils sont garnis de produits chimiques. Ne nous méprenons pas, toutefois, le pourrissement est naturel tout comme sont naturels les produits chimiques - tous comestibles - destinés à en retarder le processus. La frontière entre le naturel et l'artificiel est floue et élastique. Quelles sont les limites sécuritaires? Qui en supporte le coût?.
La table est mise pour que sécurité alimentaire nous cause beaucoup de soucis.

Personne n'aime manger des produits avariés et personne ne connait le nom de tous les produits qui garnissent les aliments. Le calcul des dates de péremption, des doses d'acide, l'homogénéisation des aliments, de leur forme, de leur couleur, on laisse tout cela aux mains des scientifiques et des professionnels du marketing. Qui s'en plaint? Les écologistes qui nous regardent jeter tous ces aliments pour une question de sécurité sans réclamer de comptes aux fabricants ni d'explications à Santé Canada. Les diététiciens, désireux que nous changions nos comportements pour écouter notre faim plutôt que nos envies. La banane est noircie? On la jette. Le jambon change un peu de couleur, donne-le même pas au chien! Les céréales sont un peu molles, balance toute la boite.

Agents de sécurité alimentaire

Pour une question de sécurité, combien de questions élémentaires (alimentaires!) demeurées sans réponse? C'est quoi de l'aspartam? Et un poulet fermier? Pourquoi la chaire de la banane n'est-elle plus jaune? Culinairement parlant, la restauration rapide, n'est-elle pas de la nourriture périmée dès sa conception?
Le visage de l'alimentation bouge en même temps que nous et que notre environnement terrestre. De la racine à notre oesophage, de la digestion à la fécondation, la chaîne alimentaire n'est qu'une succession de vases communicants sans cesse en transition, en digestion.
Suis-je trop dans la fiction et pas assez dans la science de penser que nous serions un jour capables d'ingérer du plastique, moi qui ai la capacité d'enfiler un litre de Kiri Cola dans une soirée, d'avaler une barbe-à-papa dès l'âge de six ans, d'ingurgiter des jujubes multicolores à peine comestibles en regardant The Hulk abîmer le mobilier urbain sans raison valable? Quelle est la vraie couleur de la pomme? Faut-il lire la bible pour le savoir? Un steak de vache ça existe? Notre estomac n'aura peut-être un jour plus rien à envier à celui du grand requin blanc capable de digérer plaques d'immatriculation californiennes et autres souliers italiens sans tiquer de l'oeil.

C'est souvent le miroir ou le médecin qui mettent en lumière une mauvaise alimentation, pas le marchand de légumes. Cette nouvelle, hélas, manque de fraîcheur.

Les armées de par le monde sont quant à elles particulièrement préoccupées par la sécurité alimentaire. Par souci de ravitaillement des troupes, d'autonomie des soldats, elles ont poussé très loin la conservation des aliments. Pensez-y! Pas question pour le soldat en exercice de revenir au campement le midi pour déjeuner; la boite à lunch de camouflage est un incontournable. La nourriture elle-même est camouflée, déshydratée, réduite en poudre. Question de poids, de conservation, et de ne pas attirer l'ennemi avec un filet de saumon frais en bandoulière. Entre deux rafales, il suffit au soldat d'arroser d'eau chaude sa ration pour disposer d'un met chaud et réconfortant (les généraux ne sous-estiment jamais l'effet psychologique d'une bonne nourriture en situation de proximité avec la mort) Il a donc droit à tout ce nous mangeons dans le confort de notre assiette en regardant les nouvelles de la guerre en Afghanistan. Question de sécurité, les victuailles qu'un soldat porte sur lui ne périront pas avant un an. Ce qui signifie que, s'il est malchanceux ou négligent dans son travail, elles lui survivront.
Survivre, voilà la source de toute sécurité. Survivre à un combat militaire est beaucoup plus incertain que de survivre en voiture, par exemple. Et survivre en voiture est plus incertain que de survivre en avion de ligne. Rester chez soi est plus sécuritaire, mais ignorer le monde qui nous entoure est socialement risqué.

À suivre.

© Stéphane Aleixandre (2015)

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