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mardi 13 décembre 2011

L'oeuvre-produit

Une création musicale est une œuvre d’art, une expression émotionnelle qui jaillit sous l’impulsion de l’inspiration et prend forme par le travail. Le partage de la création, sa diffusion, son expansion dans les consciences se fait par la commercialisation: vente et diffusion de la musique, pour écoute individuelle ou collective. La création s’appelle alors un produit, un hit, un beat, un bit. Par ce transport, elle redevient ensuite, entre nos oreilles une création, en provoquant en nous des émotions.

Il est inutile et vain d’opposer l’œuvre et le produit, la création et son commerce, les notes de musique et les chiffres. Une chanson, une musique est autant un œuvre qu’un produit. Il n’est donc pas déraisonnable de réfléchir à la création en termes de production, d’offre et de demande.

Cette évidence semble se dissiper dans l'opinion publique si l’on évoque un décalage entre l’offre et la demande musicale.Évoquer l’insuffisance de l’offre musicale, par exemple, est admis et encouragé par l'opinion publique (pour défendre des quotas de production francophone, notamment.)

Mais, évoquer la surproduction d’offre musicale n’est généralement pas accepté par cette même opinion publique. Pourquoi? Simplement  parce que qu'il est difficile d'admettre que l’œuvre soit aussi un produit, et parce que toute analyse des produits est souvent interprétée comme une analyse de la création; Le premier met en jeu notre raisonnement analytique, tandis que la seconde naît et croît au travers nos émotions. Innée puis culturelle, cette dichotomie ( ce réflexe) n'est pas facile à contourner.

En poussant plus loin notre exemple, admettre qu'il puisse exister une surabondance de produits musicaux mis en marché ne signifie pas admettre qu'il y a surabondance de création musicale.
Il peut exister autant de créations musicales que d'individus, et même davantage que d'individus - et c'est souhaitable - mais il se peut également - c'est alors inévitable - qu'il existât autant sinon plus de produits musicaux que d'êtres humains.

La contradiction création - produit n'est qu'apparente et ne profite ni à l'artiste, ni au vendeur. C'est d'ailleurs souvent la même personne.

2 commentaires:

  1. J'ajouterais dès la 1ere phrase.. Qu'elle prend forme tout court ! Point de travail au sens usure ou peine... Je dirais plutôt accomplissement ou fruit ;-)

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  2. belle analyse ! :)

    Il en va de même pour la surabondance de produits "livres" (et non pas de création littéraire comme tu le soulignes si bien).

    A qui la faute de cette surabondance ? Aux maisons de disques comme d'édition, en ayant fait le pari de la quantité dans une logique de peréquation plutôt que le pari de la qualité.

    Mais j'imagine que cela seyait bien à l'époque où le mal a pris racine (dans le courant des années 60-70 avec mai 68 en France et la Révolution Tranquille au Québec), la recherche de qualité pouvant passer comme une forme de censure créatrice.

    Qu'en penses-tu ?

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