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lundi 7 novembre 2011

Cynisme de circonstance

                                                                                                                                                         NON!
OUI!
100 000 $. Corruption. 48%.
Tous pareils. 8.5%. Manifestation.
200 000 $. Réel. Opinion.
89%. Scandale. Parole

La population québécoise, dont je fais partie, s’exprime parfois avec cynisme lorsqu’elle parle de l’actualité politique et économique. Nous sommes sans doute nombreux à évoquer de manière franche et directe, et en des termes parfois durs et sévères, souvent provocants, la manière de gouverner de nos élus fédéraux, provinciaux et municipaux. Il arrive à beaucoup d’entre nous de décrire les actes de malversations, d’abus de pouvoir ou d’absence supposée de scrupules de la part de nos élus comme des évènements qui ne nous surprennent plus et qui sabotent le lien de confiance entre la population et la classe politique dans son ensemble.

Le cynisme est une manière d’exprimer des opinions sans ménagement des opinions qui choquent le sens moral et les idées reçues.

Nous utilisons le cynisme pour dire beaucoup de choses, avec des points de vues subjectifs et disparates sur quelques sujets d’actualité. L’amalgame des divers points de vue et des sujets abordés donne naissance à un tout plus ou moins cohérent : le climat de cynisme généralisé de la population québécoise.

Cynisme citoyen

Le cynisme n’est pas le désintérêt ou la dépolitisation, bien au contraire.
Être cynique peut-être perçu, notamment, comme une attitude constructive de prise de conscience, de réaction vis à vis de l’actualité, d’émotivité face à des enjeux qui, nous le savons, nous concernent directement.

Le cynisme traduit le glissement et la radicalisation de notre opinion sur l’attitude de notre gouvernement québécois : la répétition – et la médiatisation de la répétition – de sa mauvaise gestion des ressources naturelles, des abus de pouvoirs et/ou d’influence de plusieurs élus, l’entêtement manifeste à ne pas reconnaître une corruption non moins évidente finissent par émousser notre confiance et accroitre notre méfiance. Notre manière de nous exprimer d’abord avec colère, puis avec cynisme va de pair avec le changement de nos opinions. La méfiance alimente le cynisme qui à son tour alimente la méfiance.

Mais s’exprimer avec cynisme ne signifie pas que nous ayons abandonné la partie. Loin de là! Une attitude cynique typique consiste, par exemple, à dire que les hommes politiques sont tous pareils, tous pourris, que le système est rongé de l’intérieur. Il y a dans ces expressions le germe d’une volonté de changer les structures, de manifester en masse pour forcer les élus à céder à nos demandes, de les provoquer par des prises de position qui vont les choquer. Il y a dans le cynisme l’attitude de fermeté nécessaire pour remettre le premier ministre à sa place afin qu’il cède la place. (On est rendu là! Dirait-on avec cynisme.)
Sans égard pour la moralité, l’expression d’un cynisme traduit un réchauffement critique des opinions des uns et des autres (lesquelles ne sont pas discutées ici.)

Cynismédiatisation

Le « climat de cynisme généralisé », le « cynisme de la population » qui a vu le jour depuis les faibles taux de participation aux élections provinciales de 2008, est largement utilisé, repris et alimenté par la presse sur toutes les plateformes (télévision, radio, presse écrite, internet) ainsi que par les hommes politiques, surtout dans l’opposition, lorsque se produit un évènement de nature à susciter notre réprobation (corruption dans le milieu de la construction, nominations partisanes d’élus, malversations financières…etc..)

Or cette situation a créé un décalage entre le ton cynique des citoyens et le cynisme facile et opportun dont parlent les journalistes, les chroniqueurs et les acteurs politiques.

Il ressort de mon observation des médias que :

-         -il y a tendance à considérer le cynisme comme une opinion en soi alors qu’il s’agit en réalité d’une manière d’exprimer son opinion exemple (confusion);

-         c’est sur la base de sondages - une technique très imparfaite pour décrire un état d’esprit - de sélection de commentaires d’internautes, d’entrevues sélectives que les médias témoignent de notre cynisme (généralisation);

-         Le cynisme de la population est rapidement et souvent évoqué qu’une affaire de nature à susciter la désapprobation de la population se produit  exemple; exemple (amplification, instrumentalisation);

-         Ce cynisme est rarement décrypté, remis en cause ou modéré par un « non-cynisme » (subjectivité);

-         Les médias et l’opposition politique prennent souvent le parti de la population en soutenant - ou à tout le moins en ne remettant pas en cause - cette attitude cynique (complaisance.)
-         La répétition des termes « cynisme de la population », « cynisme ambiant » utilisés pour décrire des réactions aussi diverses que le refus, le doute, l’indécision notamment, tend à diluer le sens de nos opinions. (manipulation sémantique.)

Cette pratique amplifie et modifie ce qui devient un phénomène, et modifie en retour la perception que la population a de sa propre expression de cynisme.

De fait, nous pouvons ressentir l’impression que le cynisme est réellement ambiant, qu’il est devenu un phénomène global, autonome, qui ne dépend presque plus de notre volonté. Il devient un argument, un sésame médiatique pour justifier qu’un évènement est inacceptable.

Nous observons donc :

-         une dramatisation des faits et de nos perceptions par ceux qui prétendent qu’un évènement suscite ou peut susciter notre cynisme;
-         une distorsion de la réalité pour évoquer – et/ou amplifier - la polarisation du débat publique, la rupture entre les citoyens et les élus.

En ce sens, j’estime que les journalistes et hommes politiques font à leur tour preuve de cynisme.

Rien ne démontre que nous ne soyons que cyniques, que nous soyons toujours cyniques, et que nos manifestations de cynisme puissent être généralisées. Rien ne démontre que nous ne croyons plus en la politique.

Les vifs débats qui secouent l’actualité méritent que nos voix soient entendues dans toute leur diversité.

Idées en développement.

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